Risque
Dispositifs doseurs pour les formes buvables de médicaments
De nombreux médicaments existent sur le marché sous forme buvable: antitussifs, antibiotiques, antidouleurs, etc. Ces formes présentent plusieurs avantages: plus faciles à avaler par les enfants ou les personnes âgées, adaptation fine des doses en fonction du poids,…
Une forme buvable s’administre à l’aide d’un dispositif doseur: gobelet, cuillère-mesure, seringue à double ou triple graduation (parfois appelée pipette). Ce dispositif est généralement fourni dans la boite avec le flacon. C’est principalement avec ces dispositifs que des erreurs surviennent: sous-dosage du médicament (entrainant parfois une perte d’efficacité) mais aussi et surtout des surdosages, avec le risque de provoquer une intoxication médicamenteuse (aiguë ou chronique).
Suivant le dispositif doseur utilisé, voici quelques exemples d’erreurs pouvant survenir:
- Cuillères-mesures: l’utilisation d’une cuillère domestique pour administrer un sirop est déconseillée. En effet, elles sont trop peu précises et ont des capacités variables suivant le modèle utilisé.
Par ailleurs, certaines cuillères livrées avec les sirops sont parfois peu lisibles. Il est donc nécessaire d’être particulièrement attentif lors de l’usage de celles-ci. - Seringues à double ou triple graduation: certains médicaments sont livrés avec une seringue (ou pipette) permettant de prélever la quantité prescrite dans le flacon. Ici aussi, des erreurs peuvent survenir: confusion possible entre les indications de quantité et les indications de poids présentes sur la seringue (seringues graduées en ml, en mg et en kilos de poids corporel), mélange des pipettes ayant parfois une graduation et une contenance différentes, seringue peu lisible, etc.
- Pompes doseuses: certains médicaments sont livrés avec une petite pompe doseuse servant à prélever la quantité prescrite en appliquant une pression sur le dispositif. Dans ce cas-ci, les erreurs surviennent souvent à cause d’une confusion dans le calcul des doses. Par exemple, un médecin prescrit 5 gouttes (équivalent à une seule pression) et le patient comprend qu’il doit prendre 5 pressions.
- Lors d’un changement de formulation pour un même médicament (par exemple un médecin qui prescrit les gouttes à la place du sirop), le dosage de la préparation peut-être plus concentré. Des accidents surviennent alors car le patient pense qu’il doit continuer à prendre les mêmes quantités.
- L’utilisation du dispositif doseur d’un médicament différent (perte du dispositif original, mélange entre les dispositifs de différents médicaments) est à proscrire (graduation différente entre les dispositifs, etc.).
Dispositifs transdermiques (patchs)
Certains médicaments bien spécifiques sont prescrits sous forme de patchs: antidouleurs puissants (fentanyl), aide au sevrage tabagique (nicotine), traitement de la maladie d’Alzheimer (rivastigmine), traitement de l’incontinence urinaire (oxybutinine), etc.
Les problèmes suivants peuvent survenir:
- Un risque de surdosage existe si vous appliquez plusieurs patchs en même temps ou si vous appliquez un nouveau patch sans enlever l’ancien. Ces patchs pouvant être de petite taille et transparents, ce type d’erreur peut survenir assez rapidement si l’on n’est pas très attentif. Des accidents ont déjà été rapportés avec l’application de multiples patchs.
- Des cas d’intoxication ont déjà été décrits lorsque des enfants entrent accidentellement en contact avec un patch (par exemple chez des enfants qui dorment ou jouent dans le lit de leurs parents).
- Un patch usagé contient encore une grande quantité de médicament. Des accidents ont été décrits chez des enfants ayant trouvé des patchs tombés par terre ou dans la poubelle. Des accidents ont également été rapportés chez des animaux domestiques.
Broyer un comprimé, ouvrir une gélule, couper un comprimé en deux
Quand une personne ayant des difficultés à avaler doit ingérer un comprimé (enfant, personne âgée, etc.), il peut être tentant de broyer le comprimé ou d’ouvrir la gélule afin de faciliter l’administration du médicament. Cette pratique peut sembler anodine mais elle n’est pas sans danger. Le broyage ou l’ouverture du médicament peut en effet modifier la manière dont celui-ci va être absorbé dans l’organisme.
Les problèmes suivants peuvent notamment survenir:
- Les formes à libération prolongée (formes « retard ») sont conçues pour libérer la substance de manière progressive. En les broyant ou en les ouvrant, la libération immédiate du principe actif peut entrainer un surdosage, particulièrement si le médicament a une marge thérapeutique étroite.
- Lorsque la substance active est protégée de l’acidité de l’estomac par un comprimé ou une gélule gastro-résistant, l’ouverture ou le broyage du comprimé peut entrainer un surdosage ou un sous-dosage.
- Certaines substances médicamenteuses peuvent être irritantes. L’ouverture d’une gélule et l’ingestion de son contenu peut éventuellement entrainer une irritation de la bouche, de la gorge ou de l’œsophage.
- Altération de la substance active par la lumière, par le contact avec la nourriture, etc.
- Pour savoir si vous pouvez couper un comprimé en deux, demandez toujours conseil à votre médecin ou pharmacien. En effet, la présence d’une rainure ne signifie pas toujours que le comprimé est sécable: la présence d’une dose égale dans chaque moitié n’est pas nécessairement garantie. La notice peut éventuellement vous donner quelques indications.
Notons également que le fait d’écraser un comprimé ou d’ouvrir une gélule rend plus complexe l’identification du médicament.
S’il est déconseillé d’ouvrir ou de broyer un médicament sans s’informer, il est également déconseillé de le mâcher ou de le sucer si cela n’est pas clairement précisé dans la notice.