Ingestion de colle polyréthane monocomposant chez le chien
L’ingestion accidentelle de colle polyuréthane (colle PU) à un composant, encore liquide au moment de l’ingestion, chez le chien, bien que rare, peut entraîner une obstruction digestive sévère. Ce phénomène est dû à l’expansion rapide et importante du produit au contact des liquides gastriques. En cas d’obstruction avérée, une gastrotomie est souvent nécessaire pour retirer la masse. Le pronostic est généralement bon si la prise en charge est rapide et adéquate.
Introduction
L’ingestion de colle polyuréthane monocomposant liqiuide chez le chien est peu fréquente, mais même une petite quantité peut provoquer des symptômes graves nécessitant une intervention chirurgicale.
Mécanisme d’action

Le danger provient de la capacité de la colle PU à se dilater considérablement dans l’estomac. Le prépolymère d’isocyanates, composé d’un isocyanate et d’un polyalcool, réagit en présence d’eau (vapeur d’eau atmosphérique ou liquide gastrique, en cas d’ingestion), libérant du CO₂ et augmentant ainsi son volume jusqu’à 8 fois dans les deux heures suivant l’ingestion. Cette expansion rapide peut entraîner une obstruction mécanique à la vidange gastrique. Ce scénario concerne exclusivement l’ingestion de colle encore liquide, comme lorsque le chien mord un flacon et avale le contenu fluide avant durcissement.
La colle PU peut libérer une petite quantité d’ isocyanates, qui pourrait induire une réaction allergique.
Conformément à la réglementation européenne (CLP), la colle PU est classée comme toxique par inhalation et irritante pour la peau, les yeux et les voies respiratoires.
Clinique
Les symptômes se déclarent habituellement dans les 12 heures qui suivent l’ingestion:
- Vomissement (+/- hématémèse).
- Anorexie.
- Ballonnement abdominal.
- Tachypnée
- Obstruction possible des voies respiratoires : via fausse déglutition (lors des vomissements) ou expansion dans l’œsophage.
Diagnostic
Selon la taille de la masse de colle dans l’estomac, celle-ci sera ou non palpable.
À la radiographie, on peut distinguer les premiers signes après 4 heures, mais il est préférable de réaliser le cliché 24 heures post-ingestion. Les résultats obtenus seront plus fiables. L’image montrera un estomac dilaté et une masse radio-opaque tachetée dans la lumière gastrique. En cas de doute, l’administration per os d’un produit de contraste est indiquée.
Traitement
Toute tentative de décontamination est contre-indiquée. En effet, en cas de vomissement la masse pourrait se trouver bloquée dans l’œsophage. Donner de l’eau ou du charbon n’est pas indiqué non plus car cela accélérerait la polymérisation et l’expansion gastrique.
Le chien sera gardé à jeun pendant les 6 heures suivant l’ingestion de la colle. Il pourra toutefois recevoir de l’eau après 3 heures.
En cas de perte hydrique importante, l’animal sera réhydraté par voie IV.
Lorsqu’il y a obstruction patente, la gastrectomie permettra d’évacuer facilement la masse de la cavité gastrique. Une perforation gastrique n’a été observée qu’une seule fois. La masse peut parfois s’engager dans le pylore, mais jamais plus loin. Des petits amas de colle ont cependant été retrouvés dans les intestins d’un chien décédé lors de l’intervention.
Le pronostic est donc favorable, sauf complication lors de l’intervention chirurgicale.
Autre situations cliniques
Contact cutané: la colle PU peut être irritante pour la peau. En cas de contact avec les poils ou la peau, il est recommandé de nettoyer rapidement avec de l’eau tiède et du savon pour éliminer les résidus. Si la colle a déjà séché, il est préférable de ne pas tenter de l’enlever de force ; elle partira spontanément avec la desquamation naturelle de la peau ou la repousse du poil.
Ingestion de colle déjà durcie: lorsqu’un animal ingère de la colle déjà expansée et solidifiée, aucune expansion supplémentaire n’est à craindre, et donc pas d’obstruction mécanique. Cependant, un traitement symptomatique des troubles digestifs (vomissements, gêne abdominale) peut s’avérer nécessaire selon l’intensité des signes cliniques.
Références
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- De Berny P, Queffélec S. Guide pratique de toxicologie clinique vétérinaire. 1ʳᵉ éd. Paris : Med’Com; 2014. Mousse polyuré p. 243‑245.