Puis-je détenir un serpent?

Que vous soyez ou non un amateur de serpents, une morsure d’un de ces reptiles peut avoir de sérieuses conséquences, avec ou sans envenimation. Rien qu’en Europe, 8.000 à 10.000 personnes en font chaque année l’expérience. Les cas mortels sont heureusement rares.

Le Centre Antipoisons déconseille vivement d’adopter un serpent venimeux comme animal de compagnie: la morsure de nombreux serpents exotiques peut être mortelle. Par ailleurs, de nombreuses espèces sont protégées. Si malgré tout vous décidez d’héberger un reptile voici un aperçu de la règlementation en vigueur. 

Tout part de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) appelée aussi convention de Washington. Il s’agit d’un accord entre Etats pour réguler le commerce mondial de plantes et d’animaux protégés. Les espèces protégées par cet accord se répartissent en trois catégories: l’Annexe I reprend les espèces menacées d’extinction dont le commerce est interdit sauf cas exceptionnels. Les espèces listées dans les Annexes II et III ne sont pas directement menacées d’extinction et sont soumises à des règles plus souples. L’Union européenne a adopté une législation allant au-delà de cette convention et y a inclus plus d’espèces. Le candidat acquéreur a donc intérêt à être bien informé, certaines espèces de serpents étant aussi protégées au niveau local. Il n’est pas question de capturer en Belgique une vipère péliade et de la garder ce qui serait de toute façon est une bien mauvaise (et dangereuse) idée.

Prenons un exemple: la liste CITES autorise sous certaines conditions l’importation de cobras. Quels sont les éléments à prendre en compte? L’achat ne peut pas mettre la survie de l’espèce en danger et une autorisation d’importation peut-être exigée par la législation nationale en la matière. Est-ce le cas en Belgique? Oui, sauf si la transaction a lieu dans l’ Union européenne. Dans ce cas il ne faut pas d’autorisation d’importation. Par ailleurs, il faut tenir un registre CITES d’arrivée et de départ, en plus d’une preuve de l’origine légale des serpents. Si les cobras sont importés d’un pays hors union européenne il faut introduire une demande auprès du service CITES de l’administration fédérale. Il est également exigé que les animaux soient bien soignés et qu’ils disposent d’un abri sûr. La législation sur le bien-être animal s’applique aussi bien à un serpent qu’à une portée de chatons.

En Belgique pour détenir un serpent il faut également tenir compte des législations régionales, que l’animal se trouve ou non sur la liste des espèces protégées:

  • Les reptiles que l’on peut détenir et/ou commercialiser en Flandre sont repris dans ce que l’on appelle la « liste positive ». Les reptiles non repris dans cette liste ne peuvent être ni détenus ni commercialisés. La liste comprend 422 espèces de reptiles: 249 espèces de sauriens, 107 espèces de serpents et 66 espèces de tortues. Vous pouvez consulter cette liste sur le document PDF via ce lien. Cette liste sera valide à partir du 1er octobre 2019. Vous pourrez détenir un reptile non repris dans cette liste pour autant que vous puissiez prouver qu’il était déjà en votre possession avant le 1er octobre 2019. Vous trouverez de plus amples informations via ce lien

  • En Wallonie il faut, en fonction de l’espèce, un permis d’environnement de classe 2 ou une déclaration de classe 3.  Pour les espèces venimeuses il faut un permis d’environnement de classe 2. Par ailleurs, la Région wallonne interdit depuis 2014 la détention de serpents venimeux australiens.
  • Dans la Région de Bruxelles-Capitale il faut obtenir un permis d’environnement auprès de l’administration communale pour détenir plus de six serpents qu’ils soient ou non venimeux.

Attention! La procédure d’obtention d’un permis d’environnement peut varier. Pour les serpents venimeux en particulier, il est possible que d’autres exigences doivent être remplies. Prenez toujours contact avec le service environnement de votre localité avant d’acquérir un animal.

À propos des antivenins

En cas d’acquisition d’un serpent venimeux, il est prudent de prendre contact avec l’hôpital le plus proche pour discuter de la prise en charge d’un éventuel accident (achat d’un antivenin par exemple). Veillez à avoir toujours à portée de main les données des personnes à contacter en cas d’accident (médecin responsable...). Il n’est pas conseillé de se procurer un antivenin sans passer par un professionnel: il est difficile d’en évaluer la qualité, le produit doit être conservé dans de bonnes conditions et doit être administré en milieu hospitalier uniquement en cas de nécessité.  

Plus d'informations sur les antidotes dans les morsures de vipères via ce lien (pour les professionnels de la santé).

Quelques liens utiles pour en savoir plus

CITES (en anglais):

https://www.cites.org/eng/disc/what.php

Gouvernement fédéral:

https://www.health.belgium.be/fr/animaux-et-vegetaux/animaux/quest-ce-que-la-cites

Flandre:

http://www.huisdierinfo.be/welke-reptielen-mag-je-houden

Wallonie:

http://environnement.wallonie.be/legis/pe/pesect072.html

La Région de Bruxelles-Capitale:

http://environnement.brussels/thematiques/bien-etre-animal/lacquisition-dun-animal