Dérivant au gré des vents, des courants et des marées, avec leur corps gélatineux et leurs tentacules irritants difficiles à repérer dans l’eau, les méduses inquiètent les baigneurs. Certaines années, on les trouve en grand nombre échouées sur nos plages.
Une centaine d‘espèces de méduses sont connues comme étant dangereuses pour l’homme.
Les méduses les plus dangereuses sont des espèces tropicales dont la plus venimeuse est la Cuboméduse d’Australie, Chironex fleckerii, mortelle pour l’homme.
Sur nos côtes, on ne rencontre aucune espèce mortelle pour l’homme. Le contact avec certaines méduses de la mer du Nord peut toutefois laisser un souvenir cuisant.
Les réactions observées après un contact avec une méduse résultent de la décharge de milliers de capsules urticantes microscopiques, les nématocystes. Les nématocystes se trouvent le plus souvent sur les tentacules, parfois en bordure du chapeau. Ils contiennent un mince tube enroulé en hélice, baignant dans le venin et armé de minuscules aiguilles, parfois en forme de harpon. Sous l’effet d’une stimulation mécanique (contact avec une proie) ou chimique (eau douce …), le tube est projeté hors de la capsule et éjecte le venin. L’intensité de la réaction va dépendre de la surface de contact avec les tentacules et de la nature du venin, variable d’une espèce à l’autre.
Les nématocystes restent fonctionnels même desséchés, il faut donc éviter de toucher les méduses échouées sur la plage.
Le contact avec une méduse peut entraîner trois sortes de symptômes:
Des symptômes locaux dus à la toxicité locale du venin au niveau de la zone de contact.
Des symptômes généraux provoqués par une réaction allergique.
Des symptômes généraux d’envenimation dus à la diffusion du venin dans l’organisme.
Les symptômes locaux consistent en une douleur immédiate, plus ou moins intense, comparable à une brûlure, suivie par une inflammation progressive de la peau: rougeur, gonflement, démangeaisons, formation de vésicules qui peuvent s’infecter. Les lésions sont souvent en forme de stries et peuvent laisser des cicatrices sous forme de zones pigmentées.
Le venin de méduse est sensibilisant, un contact répété peut déclencher une réaction allergique. Des réactions croisées sont possibles.
Les réactions de type allergique (gonflement du visage, difficultés respiratoires,…) ou avec malaise général, sont des urgences médicales et demandent une intervention immédiate.
Les symptômes généraux (vertiges, vomissements, diarrhées, douleurs musculaires…) se rencontrent très rarement avec les méduses rencontrées à la côte belge.
En cas de malaise ou de symptômes généraux (gonflement du visage, des lèvres, difficultés respiratoires), appeler le 112 ou consulter immédiatement un médecin.
Assurez-vous que la victime reste calme, les mouvements favorisent la circulation du venin.
Rincer la zone atteinte à l’eau de mer, l’eau douce pourrait provoquer la décharge de nématocystes encore intacts.
Uniquement pour la méduse rayonnée (Chrysaora hysoscella): baigner la zone atteinte dans du vinaigre pendant au moins 30 secondes.
S’il reste des tentacules visibles, les enlever délicatement à l’aide d’une pince à épiler ou d’un coton-tige. Pour piéger les tentacules invisibles, on peut utiliser de la mousse à raser et racler doucement la zone avec le bord d'un carton ou d'une carte de banque en partant de l'extrémité distale (côté doigts) du bras ou de la jambe et en remontant vers le tronc.(1) N’utilisez pas vos mains nues.
Eviter de frotter la zone atteinte avec du sable.
Appliquer une pâte de bicarbonate de soude (50% bicarbonate de soude et 50% d'eau de mer) sur la peau pendant quelques minutes et rincer à l'eau de mer.
La douleur peut être soulagée en baignant la zone atteinte dans de l’eau très chaude (42-45°C) pendant une trentaine de minutes.(2) A défaut d’eau chaude, l’application d’une poche à glace peut également diminuer la douleur.
Désinfecter la zone atteinte.
Si la douleur persiste, ou si la zone atteinte présente des signes d’inflammation importante, consulter un médecin.
En cas de contact avec l’œil, rincer au sérum physiologique et demander l’avis d’un médecin.
Garder la zone atteinte à l’abri du soleil pour diminuer le risque de citatrices pigmentées.
Il n’est pas conseillé d’uriner sur la piqûre!
(1) Différents moyens ont été proposés pour éviter la décharge des capsules urticantes encore intactes dont l’application locale de vinaigre, d’alcool ou de bicarbonate de soude. Ces produits se trouvent facilement partout. Parmi ceux-ci, seul le bicarbonate de soude a un effet globalement positif ; l'alcool a un effet négatif dans la plupart des cas. L’utilisation de vinaigre est à réserver à certaines espèces de méduses. Pour les méduses de la côte belge, le vinaigre n’ est recommandé qu’en cas de contact avec la méduse rayonnée (Chrysaora hysoscella). Des expériences en laboratoire ont en effet montré que le vinaigre entraîne la décharge des nématocystes de Cyanea capillata, Pelagia noctiluca et Physalia physalis.
(2) Bien que l’efficacité de l’immersion dans l’eau chaude n’ait pas été étudiée pour toutes les envenimations par méduse, il est raisonnable de la proposer pour inactiver les protéines du venin.
Sur la plage, portez de chaussures en caoutchouc autant que possible et faire attention en entrant dans l'eau. Éviter tout contact avec des méduses en faisant un large périmètre autour, car les tentacules peuvent s'étendre loin du corps de méduse.
Les deux espèces suivantes, plus venimeuses, ont rarement été signalées à la côte belge. Elles n’ont pas été repérées récemment mais, vu leur présence dans des pays proches, nous les mentionnons dans cette rubrique.
Les premiers soins sont les mêmes que pour les méduses de la mer du Nord:
Le venin des physalies est inactivé par la chaleur. Il est donc recommandé de baigner la zone lésée à l’eau chaude (45°C maximum) pour inactiver le venin et soulager la douleur. Une étude australienne a démontré l’efficacité de l’immersion dans l’eau chaude.
Le reste du traitement est symptomatique, une intervention médicale est nécessaire en cas de signes généraux.
Les lésions de l’œil doivent être rincées au sérum physiologique et examinées par un médecin.
Remerciements : Nous remercions vivement l’équipe du Vlaams Instituut voor de Zee ainsi que le Laboratoire d'Océanologie de l’Université de Liège et tout particulièrement Nancy Fockedey, Jan Seys, Karen Rappé, Lies Vansteenbrugge (ILVO), Amandine Collignon et Jean-Henri Hecq, pour les nombreuses informations qu’ils nous ont transmises sur les méduses de la mer du Nord.