La combustion normale d’un combustible carboné (bois, charbon, gaz naturel, gaz butane, mazout de chauffage) libère du CO2. Lorsque l’apport d’oxygène est insuffisant, la combustion est incomplète et il y a formation de monoxyde de carbone (CO).
Dans les habitations, les principales sources de CO sont les foyers utilisant un combustible carboné (bois, charbon, gaz, pétrole...) que ce soit des appareils de chauffage, de production d’eau chaude, un four ou une cuisinière.
Les gaz brûlés émis par ces appareils contiennent toujours une petite quantité de CO parce que la combustion n’est jamais tout à fait complète.
La quantité de CO qui se dégage est influencée par l’apport d’air frais (ventilation) et l’évacuation des gaz brûlés (cheminée). Pour une combustion efficace, il faut que l’appareil soit correctement installé et les brûleurs bien réglés. Un usage inapproprié ou un entretien insuffisant peuvent également conduire à la formation de CO.
Un appareil utilisant un combustible carboné non raccordé à une cheminée va libérer les gaz brûlés directement dans l’habitation. C’est le cas par exemple des poêles à pétrole mobile, des foyers au bioéthanol ou d’un barbecue utilisé à l’intérieur.
Les véhicules à moteur sont une source importante de CO. La teneur en CO des gaz d’échappement des voitures et des camions varie de 0,1 à 8 % et peut même atteindre 30 % dans des cas extrêmes. Les gaz d’échappement des locomotives à diesel, des bateaux et des avions contiennent également du CO.
Dans des conditions particulières, la circulation peut mener à des intoxications graves par exemple lorsque de nombreux véhicules quittent au même moment un parking souterrain après une manifestation ou lorsque les files s’allongent dans un tunnel mal ventilé.
Les circuits de karting couverts présentent un risque particulier parce que les moteurs à essence des karts tournent en milieu fermé.
Un incendie s’accompagne toujours d’un important dégagement de CO.
Ce sont les feux couvants qui libèrent le plus de CO: le taux de CO peut s’élever jusqu’au seuil d’explosivité et une explosion peut survenir à l’ouverture du bâtiment en feu.
Le tabagisme est également une source non négligeable de CO. Un fumeur qui consomme un paquet de cigarettes par jour peut avoir des taux de carboxyhémoglobine (HbCO) compris entre 5 et 6 % et s’il en consomme deux ou trois par jour, les taux d’HbCO peuvent atteindre 7 à 9 %. Nous avons même eu connaissance du cas d’un patient psychiatrique, confiné dans sa chambre et qui fumait 4 paquets de cigarettes par jour dont le taux d’HbCO était de 25 % !
Fumer la pipe à eau (chicha, narguilé) peut entraîner une sérieuse intoxication au CO. On a mesuré des taux de carboxyhémoglobine de 21 % à 32 % chez les fumeurs de pipe à eau. La fumée d’une pipe à eau contient plus de CO que la fumée de cigarette et elle s’inhale plus facilement en raison d’une température plus basse. L’exposition à la fumée est également plus intense. En terme d’exposition au CO, une séance de quelques heures équivaut à la consommation d’une cinquantaine de cigarettes.
Les raffineries de pétrole, les fabriques de pâte à papier et de noir de carbone, la métallurgie du fer et autres métaux, les industries qui fabriquent du méthanol, de l’acide formique, de l’acide acétique ou des métaux carbonyles sont également de grands producteurs de CO, sans compter les incinérateurs, ou les industries qui produisent du gaz de chauffage. Chez nous, le gaz de chauffage provient de gisements de gaz naturel en Algérie ou aux Pays-Bas. Il est composé essentiellement du méthane et ne contient pas de CO.
Des cas d’intoxication ont été signalés dans des magasins lors de l’utilisation de chariots élévateurs à moteur au diesel ou à essence. Tous les moteurs au diesel ou à essence de machines telles que polisseuses à béton ou asphalteuses fonctionnant dans espace mal ventilé, bâtiment en construction par exemple, peuvent provoquer des intoxications au CO.
Les granulés de bois entreposés dans un milieu fermé peuvent, sans combustion, dégager du CO par oxydation des acides gras présents dans le bois. Plusieurs cas mortels d’intoxications au CO ont été rapportés notamment dans les soutes de bateaux transportant des pellets ou dans des espaces de stockage de pellets destinés à l’alimentation de chaudières.
Le CO est produit naturellement par oxydation du méthane dans l’atmosphère et photodissociation du carbone. Les autres sources naturelles du CO sont les océans, les feux de prairies et de forêts, les volcans, les gaz des marais et les orages. La germination des graines et la croissance des semis par action des micro-organismes ainsi que les flotteurs des varechs sont d’autres sources naturelles, plus mineures, de CO.
Le CO est produit par l’organisme à l’état physiologique à raison de 10ml/j. Cette production résulte de la dégradation de l’hémoglobine (et d’autres hémoprotéines: myoglobines, cytochromes, catalases, peroxydases,..) sous l’action d’une enzyme, l’oxygénase. L’hème de l’hémoglobine est dégradé en CO et en biliverdine (qui sera ensuite transformée en bilirubine avant d’être excrétée par le foie). En dehors d’un contexte d’intoxication, on retrouve dans le sang des taux de carboxyhémoglobine pouvant aller jusqu’à 4 %. En cas d’anémie hémolytique, ce taux peut s’élever jusqu’à 6 %.
L’inhalation de produits à base de chlorure de méthylène peut également être une cause d’augmentation des taux de carboxyhémoglobine. En effet, le chlorure de méthylène est métabolisé dans le corps humain en CO. Les taux sanguins sont directement proportionnels à la durée d’exposition et à la concentration de chlorure de méthylène dans l’air (ainsi 250 ppm de chlorure de méthylène inhalé pendant 8 h donne un taux d’HbCO supérieur à 8 %).